Partie 4 – Adopter le numérique :  comment l’innovation en IA peut transformer la main-d’œuvre en santé

Le dernier jour de la conférence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), un atelier de remue-méninges a réuni des leaders mondiaux pour explorer comment la santé numérique et l’intelligence artificielle (IA) peuvent contribuer à résoudre l’un des défis les plus pressants de notre époque : la pénurie de personnel de santé. Avec des exemples de l’Écosse et de la Suède, la séance a donné un aperçu de ce qui est possible de faire lorsque l’innovation numérique rencontre une stratégie systémique.

🧭 Le virage numérique de l’Écosse

Janette Hughs, directrice de la planification et du rendement au Digital Health & Care Innovation Centre (DHI) d’Écosse, a ouvert la séance par une déclaration convaincante :

« Nous manquons de main-d’œuvre aujourd’hui et nous en manquerons demain. Nous ne pouvons pas nous contenter d’augmenter les effectifs pour résoudre ce problème. Nous devons aussi nous tourner vers des solutions numériques. »

Son message était clair : la transformation numérique n’est plus une option. Elle est déjà en cours. D’ici 2030, le secteur de la santé numérique devrait croître de 700 milliards de dollars. D’ici 2035, plus de 60 % des enfants qui fréquentent aujourd’hui l’école primaire occuperont des emplois qui n’existent pas encore. Que nous soyons prêts ou non, la santé numérique et l’IA redessinent le paysage, et nous devons les reconnaître comme des éléments essentiels de la solution à la pénurie de personnel de santé.

Les participants à l’atelier organisé lors de la conférence de l’OMS se sont penchés sur la pénurie croissante de compétences numériques au sein du personnel de santé d’aujourd’hui et sur la nécessité d’élargir notre définition du personnel de santé. Les spécialistes de l’IA, les programmeurs et les experts en science des données ne sont plus périphériques – ils sont essentiels au système de santé. Sanna Rimpilainen, cheffe de la recherche et des compétences au DHI d’Écosse, a indiqué que son organisation prévoit une diminution de 10 % des emplois liés aux dossiers médicaux et une augmentation de 70 % des emplois liés à l’IA dans le domaine de la santé d’ici 2030.

En prévision, le DHI d’Écosse conçoit des solutions intersectorielles en collaboration avec des partenaires gouvernementaux qui visent notamment à :

  • ajuster les places dans les programmes d’études en fonction des nouveaux rôles numériques;
  • redéfinir les programmes d’études pour répondre aux exigences futures en matière de compétences;
  • investir dans les microcertifications et l’amélioration des compétences numériques pour la main-d’œuvre actuelle;
  • engager les jeunes par l’intermédiaire des parents et des médias sociaux pour susciter l’intérêt pour les carrières dans le domaine de la santé.

Cette étude de cas offre des leçons précieuses pour le Canada, car elle présente une approche systémique qui traite l’IA non seulement comme un outil pour la main-d’œuvre d’aujourd’hui, mais aussi comme un catalyseur pour réinventer les rôles dont nous aurons besoin demain.

L’avantage fondé sur les données de la Suède

Le Dr Markus Lingman, du Conseil scientifique national, a présenté l’exemple tout aussi convaincant de la Suède. Pour préparer le terrain, il a décrit le système de santé unique de la Suède, qui est géré par le gouvernement national, mais qui est composé de 21 régions indépendantes. Depuis 2010, la Suède dispose d’un système de santé numérique entièrement interopérable. Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé, son entrepôt de données centralisées et centrées sur les patients est devenu un atout essentiel.

Toutefois, comme les données ne suffisaient pas, la Suède a associé l’entrepôt de données à l’IA pour générer des renseignements prévisionnels. Un exemple frappant : pendant la pandémie, les planificateurs ont utilisé l’IA pour anticiper les besoins en personnel des unités de soins intensifs sur la base des données préliminaires en matière de soins communautaires. Cela leur a permis de réaffecter de manière proactive des infirmières et infirmiers, des médecins et d’autres membres du personnel aux unités de soins intensifs dans les points chauds anticipés. Résultat? La Suède a évité les pénuries de lits de soins intensifs et a maintenu la stabilité de ses effectifs tout au long de la crise.

Markus a souligné que, depuis la pandémie de COVID-19, l’IA et l’infrastructure de données ont également été utilisées d’une foule de façons pratiques, de la recherche de gains d’efficacité pour gérer les soins à coût élevé à la réduction des taux de suicide grâce à l’analyse prévisionnelle et au traitement précoce. Les résultats de chaque intervention peuvent être quantifiés en fonction de divers paramètres : en dollars, en capital humain, ainsi qu’en équivalents CO2 pour réduire les émissions de carbone en optimisant la prestation des soins et les chaînes d’approvisionnement. Ces données permettent de fournir la bonne information au bon décideur afin d’optimiser l’action.

Cette étude de cas illustre la puissance de l’infrastructure numérique, de l’analyse prévisionnelle et de la prise de décision humaine pour gérer les perturbations du système ainsi que le système de santé au quotidien.

Qu’est-ce que cela signifie pour le Canada?

Le Canada fait des progrès. En effet, l’IA est adoptée localement pour soutenir la main-d’œuvre en santé. Cependant, nous avons maintenant l’occasion de voir plus grand. Nous devons changer nos modèles mentaux et explorer les moyens d’exploiter les technologies numériques et l’IA en tant que stratégies systémiques pour transformer la main-d’œuvre à long terme.

Les statistiques donnent à réfléchir. L’OMS prévoit que la pénurie mondiale de personnel de santé atteindra environ 12,9 millions d’ici 2035, comparativement à 7,2 millions en 2013. Ces mêmes pays prévoient également une transformation numérique importante d’ici 2035. C’est dans dix ans seulement. Pouvons-nous nous préparer?

En prévision de l’avenir, le Canada doit réfléchir à la manière de :

  • renforcer la confiance du personnel de santé et des patients dans les technologies numériques;
  • créer des communautés de pratique autour de la transformation numérique de la main-d’œuvre en santé afin d’accroître l’adoption et d’améliorer l’apprentissage;
  • passer des données à la veille et à la prévision, afin que les gens disposent de la meilleure information pour prendre des décision;
  • réorganiser les structures du système et intégrer les mécanismes de gouvernance pour exploiter pleinement le potentiel des technologies numériques et de l’IA dans la planification de la main-d’œuvre en santé.

À Effectif de la santé Canada, nous travaillons avec des partenaires pour élaborer des stratégies qui tiennent compte de la complexité du système, pas seulement en ce qui concerne les technologies numériques et l’IA, mais dans tous les domaines de la transformation du système. Nous savons qu’il y aura des obstacles à surmonter et des leçons à tirer en cours de route. Il n’en demeure pas moins que l’innovation, l’apprentissage itératif, la collaboration et la persévérance sont nos meilleures chances de réaliser la transformation du système pour le personnel de santé de demain.

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