La main-d’œuvre canadienne en santé reste confrontée à d’importants défis qui peuvent menacer la qualité des soins et leur accès pour les patientes et patients ainsi que le bien-être des travailleuses et travailleurs. À mesure que les défis les plus courants, tels que le maintien en poste, la pénurie de personnel, les disparités régionales et la planification conjointe de la main-d’œuvre en santé avec le secteur de l’éducation sont influencés par d’autres systèmes complexes, nous observons l’apparition de nouveaux aspects.
Les personnes qui s’efforcent de résoudre les problèmes de main-d’œuvre en santé au Canada savent qu’il est impossible de trouver des solutions universelles. Pour réaliser de réels progrès, il faut des réponses dynamiques, inclusives, progressives et créatives. Pour relever ces défis et élaborer des solutions nouvelles qui peuvent s’adapter aux problèmes de main-d’œuvre en santé auxquels nous sommes toutes et tous confrontés, la collaboration est la clé.
C’est précisément la raison pour laquelle nous avons choisi « S’attaquer à la complexité du système » comme thème de notre deuxième colloque Effectif de la santé Canada Ensemble pour la santé.
En octobre, nous avons réuni plus de 300 participantes et participants de tout le Canada et du monde entier et les avons invités à partager leur expertise, approfondir ces questions cruciales et élaborer des approches et des solutions pratiques.
« Les initiatives indépendantes ne suffisent pas à elles seules, » a déclaré Deb Gordon, PDG intérimaire d’Effectif de la santé Canada. « Qu’il s’agisse d’accélérer la reconnaissance des diplômes, d’améliorer l’intégration de la planification de la main-d’œuvre en santé et de celle de l’éducation, de trouver des solutions adaptées au contexte de cette main-d’œuvre en régions rurales et éloignées au Canada ou de faire évoluer les soins primaires dispensés en équipe, la réussite dépend de la compréhension de nos rôles individuels, de notre contribution et de la façon dont toutes les pièces s’emboîtent les unes dans les autres. »
Concentrées sur la façon d’envisager les défis reliés à la main-d’œuvre en santé pour passer d’une perspective cloisonnée à une perspective qui invite à tirer parti de la complexité du système, les personnes qui ont pris part au colloque y ont trouvé l’occasion de renouveler leur engagement en faveur d’une planification solide de cette main-d’œuvre et un nouveau regard sur les rôles que nous devons jouer pour travailler collectivement à l’élaboration de solutions nouvelles et adaptables.
L’Aînée Roberta Price, Ph. D., a ouvert le colloque en prononçant une prière et un mot de bienvenue autochtones. Photo: Threshold Studios
Innovation internationale en planification de la main-d’œuvre en santé
L’allocution d’ouverture a mis en lumière l’expertise internationale et les points de vue des conférencières et conférenciers Cris Scotter (OMS, Danemark), Åsa Olsson (conseil national suédois de la santé et du bien-être) et le Dr Benjamin Puertas (OPS/OMS, Washington, D.C.). Ensemble, ils ont exploré la façon de tirer parti de la complexité dans la planification de la main-d’œuvre en santé à travers le monde, en mettant en évidence les enseignements de partout dans le monde en matière de leadership, de prise de décision, de données, d’innovation et de création de réseaux solides pour soutenir la transformation du système en vue de l’avenir, tout en travaillant dans des environnements politiques et économiques en constante évolution.
Cris Scotter a souligné l’importance de reconnaître la complexité dans le cadre d’une planification stratégique et d’une gouvernance adéquate. Selon lui, si les défis liés à la main-d’œuvre sont complexes, ils ne sont pas nécessairement compliqués. L’adoption d’une approche systémique permet de cerner les risques émergents et les solutions possibles dans l’ensemble du système, et la manière dont ils interagissent.
Cris a souligné la nécessité de parler aux gens pour vraiment comprendre les données sur la main-d’œuvre en santé, de recadrer les choses et d’aller au-delà des symptômes pour comprendre le problème. Il a également souligné l’importance de remettre en question les hypothèses et de prendre le temps de le faire avant la mise en œuvre.
Six clés pour aborder la complexité
- Adopter un cadre de solutions complexes
- Articuler l’analyse de la structure autour de trois dimensions fondamentales : les modèles, les mécanismes et la dynamique.
- Recourir à de multiples méthodes pour créer des changements significatifs dans le système
- Intégrer et enrichir les données sur la main-d’œuvre
- Renforcer la collaboration interdisciplinaire
- Réorienter les données probantes et la prise de décision
Selon Cris, « il ne s’agit pas de faire mieux les mauvaises choses, mais d’examiner attentivement ce que l’on veut vraiment accomplir et de travailler collectivement à concrétiser la situation souhaitée ». Il nous a rappelé que l’OMS dispose d’excellentes ressources traitant de pratiques prometteuses et d’échecs retentissants, et a invité les participantes et participants à en prendre connaissance.
Dans le cadre de son travail de transformation de la planification de la main-d’œuvre en santé en Suède, Åsa a présenté l’analyse rétrospective comme une approche clé de la réussite. Comme le Canada, la Suède compte 21 systèmes de santé régionaux autonomes ainsi que de nombreuses associations professionnelles, employeurs, syndicats et autres parties prenantes.
L’équipe d’Åsa a procédé à un changement transformationnel dans la planification de la main-d’œuvre en santé en commençant par déterminer l’état souhaité des soins de santé et les étapes pratiques et tangibles nécessaires à la concrétisation de cette vision. Les membres de l’équipe ont rassemblé les données nationales accessibles et développé des ensembles de données plus robustes et précis qui montrent la complexité des équipes et la manière dont elles travaillent ensemble. Åsa a présenté quelques mesures critiques nécessaires à la réussite en tenant compte de la complexité du système:
- Mettre l’accent sur l’innovation plutôt que sur l’efficacité
- Se concentrer sur l’écosystème plutôt que sur les institutions individuelles
- Adopter une approche à long terme plutôt qu’à court terme
- Envisager des moyens d’améliorer le renforcement des capacités humaines plutôt que la simple automatisation
- Ne pas oublier que la gestion est un art plus qu’une science
- Rester ancré dans la réalité et le pragmatisme, plutôt que dans l’idéologie
- Adopter une optique d’autorenouvellement plutôt que de révolution.
Comptant 39 pays et territoires sous sa responsabilité – chacun ayant des niveaux différents de collecte de données et d’indicateurs de santé – l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) a entrepris un travail colossal pour renforcer la planification de la main-d’œuvre en santé, promouvoir la transformation du système et favoriser la collaboration.
L’élaboration d’un premier rapport sur les ressources humaines dans le secteur de la santé en Amérique latine constitue un élément essentiel de son travail. Il s’agissait de réunir les pays pour établir des ensembles de collecte de données, des règlements et des cadres stratégiques normalisés, tout en reconnaissant leur autonomie en ce qui concerne les modèles de soins et les mécanismes culturels.
Les données sur la main-d’œuvre en santé étant désormais accessibles dans plusieurs pays, l’OPS a également créé le Tableau de bord des indicateurs de ressources humaines pour la santé, un nouvel outil destiné à aider les pays d’Amérique latine dans leur analyse et leurs processus décisionnels.
Lors du colloque 2025 Effectif de la santé Canada Ensemble pour la santé, chacune des allocutions d’ouverture soulignait l’importance cruciale de tirer parti de la complexité du système et fournissait des exemples concrets de la manière de le faire. Chaque jour, un système de santé intégré nous touche d’une manière ou d’une autre. Nous devons aux personnes qui s’emploient à fournir et à soutenir des soins de qualité – et à toutes celles qui dépendent des systèmes de santé provinciaux et territoriaux – de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour renforcer ces soins et les soutenir à notre tour. Ainsi, il faut travailler ensemble, utiliser les meilleures données et connaissances qui soient, créer des politiques et des pratiques intelligentes et centrées sur la personne et, surtout, prendre des mesures réelles et significatives.