Les dirigeants bienveillants contribuent à la rétention des travailleurs de la santé de première ligne et aux résultats positifs pour les patients
Le Centre des sciences de la santé Sunnybrook de Toronto (Sunnybrook) affirme que, grâce à ses investissements dans des programmes de développement du leadership, il dispose d’un bassin bien rempli de personnes prêtes à occuper un poste de direction. Les avantages de cette situation se font sentir à l’échelle de l’établissement et améliorent au bout du compte les résultats pour les patients.
Comme l’a indiqué Kristen Winter, vice-présidente à la direction, Programmes, personnel et leadership, de Sunnybrook, lors d’une récente entrevue, le développement du leadership a toujours été une priorité pour ce grand hôpital d’enseignement en milieu urbain qui compte plus de 10 000 employés dans ses 10 sites, et il est particulièrement important depuis la pandémie de COVID-19.
« Les défis posés par la pandémie ont en effet amené des dirigeants d’expérience à prendre leur retraite ou à changer de profession, ce qui s’est traduit par de nombreux postes de direction vacants, explique Mme Winter. Il est important de former une nouvelle génération de dirigeants qui sont capables de composer avec les complexités du domaine des soins de santé et qui peuvent diriger leurs équipes avec confiance et résilience. »
« Grâce à ses programmes, Sunnybrook investit dans les membres de son personnel et forme de grands dirigeants, indique Mme Michaelson. J’y suis encore parce que l’hôpital a investi en moi. Je me sens appréciée. Comme je sens qu’on investit en moi, je m’investis à mon tour pour mon équipe. Je crois en cet effet de cascade. Lorsque j’offre du mentorat, je transmets tout ce que j’ai appris. »
Dans le cadre de la stratégie de développement du leadership et de planification de la relève de Sunnybrook, les dirigeants actuels et en devenir (à des postes cliniques et non cliniques) ont accès à quatre programmes officiels de développement du leadership. Des ateliers et des séminaires sont offerts dans le cadre de deux programmes internes et couvrent divers sujets, dont la communication efficace, la direction d’équipe en période de changement, la promotion de la collaboration lors d’un conflit, la recherche de talents et l’adaptation dans un contexte marqué par le changement. De plus, les participants peuvent suivre des cours en classe et obtenir des plans de carrière personnalisés dans le cadre de programmes externes offerts par la Rotman School of Business de l’Université de Toronto et l’Ivey Business School de l’Université Western.
Steffanye Michaelson, Marley Gimblett et Kristen Winter sont photographiées au Sunnybrook Health Science Centre à Toronto.
Afin d’amorcer la recherche de bons candidats pour les programmes de développement du leadership, Mme Winter explique qu’elle a d’abord demandé à chaque membre de l’équipe de direction de Sunnybrook [Idem1] de réfléchir à la planification de la relève pour leur propre poste. Elle a ensuite invité chaque directeur à désigner les étoiles montantes dans leur équipe, soit les personnes ayant à la fois du potentiel et de l’intérêt envers un poste de direction. Cette démarche a également mis en lumière les lacunes du plan de relève général.
Les programmes sont évalués par les participants, et ils sont modifiés s’il y a lieu en fonction des commentaires reçus. Les dirigeants peuvent demander l’ajout de nouveaux cours au fil de l’évolution des domaines de perfectionnement et d’apprentissage.
Les programmes ont été très bien accueillis, selon Mme Winter, et les résultats se font sentir. Alors qu’auparavant l’hôpital perdait du personnel plus rapidement qu’il ne pouvait en embaucher, il affiche maintenant un taux de rétention favorable, soit « plus d’une personne retenue pour chaque personne embauchée », affirme Mme Winter.
En quatre ans à peine, près de la moitié de la vingtaine de participants au programme de la Rotman School of Business ont été promus à de nouvelles fonctions.
La stratégie de développement du leadership de Sunnybrook s’étend au-delà de la formation officielle et offre des occasions de mentorat et de collaboration, en plus d’un processus de rétroaction. Elle favorise un environnement dans lequel les dirigeants ayant peu d’expérience peuvent prendre des décisions et des risques. Ceux-ci apprennent auprès de dirigeants chevronnés, qui représentent des modèles d’empathie, de résilience, de créativité et d’agilité. Les jeunes dirigeants sont ensuite encouragés à reproduire ces comportements et à appliquer ces compétences dans leurs propres fonctions.
« Il s’agit vraiment de former des dirigeants capables de compassion et d’empathie, souligne Mme Winter. Lorsqu’on travaille à améliorer la culture dans laquelle évoluent les membres du personnel de première ligne, les soins aux patients s’en trouvent améliorés. »
« Depuis la pandémie, nous voyons arriver une nouvelle génération de jeunes qui souhaitent ardemment donner un sens à leur travail. Ils se demandent ce qu’ils font et pourquoi ils le font, déclare Mme Winter. Nous comptons beaucoup de nouveaux dirigeants, et je souhaite que ces personnes ainsi que les membres de notre personnel en poste voient tout leur potentiel professionnel, qu’ils sentent qu’ils ont une carrière, et non un travail. Nous les aidons à acquérir les connaissances, les compétences et la confiance qui feront d’eux de grands dirigeants et leur permettront de devenir la meilleure version d’eux-mêmes. »
Steffanye Michaelson, directrice de l’exploitation du programme de soutien aux patients et aux familles du centre d’oncologie Odette de Sunnybrook, a amorcé sa carrière dans l’hôpital il y a 25 ans. Elle était alors infirmière de chevet au programme d’oncologie. Elle est ensuite passée dans l’équipe du service d’urgence, où elle a profité d’occasions professionnelles comme infirmière soignante, infirmière-chef, puis responsable des soins cliniques, avant de goûter pour la première fois aux fonctions de direction dans un des services de médecine de l’hôpital.
« J’ai su dès ce moment qu’un poste de direction me conviendrait, que c’était l’orientation que je voulais donner à ma carrière », se remémore Mme Michaelson, qui a suivi plusieurs programmes de développement du leadership de Sunnybrook, dont ceux offerts par la Rotman School of Business et l’Ivey Business School.
Marley Gimblett, une infirmière autorisée qui travaille comme responsable des soins cliniques au service d’urgence très occupé de Sunnybrook, n’a pas suivi directement un des cours de développement du leadership offerts aux cadres supérieurs. Toutefois, elle sait qu’elle s’est améliorée dans ses fonctions d’infirmière grâce à l’environnement qui résulte des cours donnés par l’hôpital au personnel de direction.
Mme Gimblett accomplit au mieux ses tâches cliniques lorsqu’elle se sent appuyée. Elle peut ainsi prodiguer les meilleurs soins possibles aux patients.
« Lorsque les dirigeants sont bons, les patients en profitent pleinement, souligne Mme Gimblett. Nous avons une confiance accrue au moment de faire valoir leurs besoins. Nous pouvons ainsi communiquer clairement avec les médecins et les autres membres de l’équipe de soins afin de voir à ce qu’ils reçoivent les soins de qualité qu’ils méritent. »
Mme Gimblett affirme que la culture à Sunnybrook est ce qui l’incite à y rester.
« Il ne fait aucun doute que la pandémie de COVID-19 a nui à la rétention. Lorsque les dirigeants sont des personnes accueillantes et accessibles qui exercent une influence positive sur notre carrière, cela signifie que nous pouvons leur parler quand nous avons besoin d’aide. Nous nous sentons à l’aise et en sécurité dans un tel environnement. Il me faut plus d’une heure pour me rendre au travail. Ce qui m’y retient, ce sont les gens avec qui je travaille et ceux pour qui je travaille », déclare-t-elle.
Mme Winter souligne que lorsqu’elle parle de l’approche consistant à investir dans l’équipe de direction pour améliorer la rétention du personnel, elle attire grandement l’attention des gens. Sa publication sur LinkedIn au sujet de la stratégie de développement du leadership de Sunnybrook « a suscité beaucoup d’intérêt de la part d’hôpitaux » de toutes tailles. Certains se demandaient s’ils avaient les moyens d’investir dans une stratégie semblable.
« Je leur disais : “Pouvez-vous vous permettre de ne pas le faire?”, affirme Mme Winter. Notre personnel est notre atout le plus important. Si nous créons une culture ou un environnement où les gens s’épanouissent dans ce qu’ils font, tous y gagnent. »
Photo de Kevin Van Paassen/Sunnybrook